Le 31 mai 1915

On apprend que Jacques a lu la  lettre d’Elisabeth du 24 mai 1915 adressée à leur mère.

jacques-sourir-colorie Jacques,

Camp du Larzac

Par La Cavalerie (Aveyron)

Le 31 mai 1915

 

Mon cher papa

Je profite de ma soirée pour t’écrire à la cantine du camp.

Mardi après-midi j’ai été au tir pour marquer dans la tranchée et nous ne sommes rentrés qu’à 5h45, c’est pour cela que je n’ai pas pu aller à la gare.

Mercredi tir toute la journée les sections qui étaient venues en ville la veille sont retournées  à 13 Pierres.

Jeudi matin exercice sans sac sur la route 111 puis j’ai pris la soupe à 13 Pierres pour la ramener à Orcibal car la cuisine était retournée également à 13 Pierres (sale corvée).

Le soir corvée de tir (marqué dans la tranchée)

Vendredi matin réveil à 3h départ, en marche à 4h, itinéraire Toulonjac, La Maurenge, Villeneuve, Taron, Villefranche retour à 11h15

À Villeneuve on retire les cravates ouvre les cols et relevons les manches puis on nous fait ouvrir les rangs car le soleil tapait fort.

Au rapport je suis désigné pour partir au camp du Larzac avec le cadre précurseur. L’après-midi nous préparons nos sacs allons en ville chercher notre linge, nous prenons le train de 5h40 à Capdenac, j’ai juste le temps de vous écrire une carte qui a dû vous parvenir le lendemain. Puis nous prenons le train de Rodez où nous arrivons à Rodez à « » pour n’en repartir qu’à 4h dans la direction Millau, à Roquefort on rechange de train et nous arrivons à l’Hospitalet où nous descendons, 7 kilomètres à pied et enfin nous voilà au camp, il est 11h. On s’installe dans les tentes qui sont dressées. On rentre des isolateurs et on déjeune. à 1h on se met au travail, on met 8 isolateurs par tente puis je vais chercher les couvertures que l’on met dans des voitures pour les amener aux cuisines.

À 6h nous allons remplir nos paillasses puis on mange des conserves, ensuite je vais me laver n’ayant pu le faire avant, un petit tour à la cantine et au lit à 8h30 (heure de l’appel).

J’ai passé une très bonne nuit et je n’ai pas eu froid du tout.

Le dimanche matin nous tirons notre flemme jusqu’à 6h, à 7h on se met à travailler, installation des tentes.

L’après-midi on rajoute 2 isolateurs par tente on installe le bureau, on touche les paillasse et les sacs de couchage pour la compagnie.

À 5h la soupe et je vais faire un petit tour au village de La Cavalerie qui se trouve à 1h du camp.

Le matin réveil à 5h, à 6h montage de quelques tentes non installées, épluchage des patates, on touche les couvertures pour la compagnie, on fait une tournée de paillasses, 2 par homme 500 m à faire pour les remplir.

L’après-midi on remplit les paillasses trois par homme ceci prend toute la journée et on ne perd pas son temps. Le bataillon arrive demain soir tout sera prêt pour les recevoir ils n’auront plus qu’à se coucher et à dormir.

Au revoir mon cher papa je t’embrasse bien ainsi que maman, Jean et les sœurs. Ton fils qui t’aime bien

J.Prieur

Excuse G M Prieur et G M Leroy de ne pas les remercier ainsi que Louise Barbet de ce qu’elles m’ont envoyé par leur intermédiaire.

Mercredi je suis passé au Moderne, on m’a remis une lettre d’Elisabeth pour maman. Je l’ai lue pour avoir des nouvelles. Je voudrais savoir la vérité sur le sort d’André.

J.Prieur

Lettre du 31 mai 1915, Jacques à son père

Qu’est-il arrivé à André (Bossière) ? arbre Bossière

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Le 30 mai 1915

jacques-sourir-colorie Jacques,

Prieur 76e de ligne

26e compagnie.            Camp du Larzac Aveyron

 

Le 30 mai

Mon cher papa

Je suis arrivé hier matin au camp, nous ne sommes ici que la compagnie le reste arrive mardi aussi sommes-nous très occupés. J’ai passé une bonne nuit sous la tente

Au revoir mon cher papa je t’embrasse bien

J.Prieur

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Maguerite  Marguerite,

76 Bd Malesherbes

Paris le 30 mai 1915

 

Mon cher Jacques,

J’espère que tu auras reçu ma carte que je t’ai écrite le mardi soir à Capdenac. Nous avons reçu hier ton mot nous disant que tu partais pour le camp de Larzac vraiment tu auras déménagé depuis quelques temps, envoie-nous une lettre nous disant ce que tu deviens dans tous les cas si tu ne peux pas nous donner grands détails envoie-nous de tes nouvelles.

La classe 16 est-elle restée à Villefranche, il paraît que Mr Charles Guiot avait entendu dire quand vous deviez aller au camp de Larzac voilà ce qu’il a dit à tes sœurs vendredi.

Nous avons trouvé tout le monde en bonne santé à notre retour mais nous n’avons pas encore vu grand-mère Prieur qui ne viendra que mardi. Nous sommes toujours très occupés à l’usine, ce matin je suis allé aider ton papa car il a beaucoup de retard.

Je pense que Madame Beau va nous renvoyer tes affaires comme cela était convenu, as-tu pu donner à l’abbé Nouvial ce que je t’avais écrit de Capdenac?

Je n’ai rien reçu de lui, as-tu pu le voir et t’a-t-il dit quelque chose à ce sujet?

Comme je peux voir Mme Guiot en semaine, je vais aller la voir avant d’aller à Neuilly.

Robert vient d’arriver il est nommé Maréchal des logis a une permission de 8 jours et part pour Fontainebleau après pour faire les écoles à feu pour se perfectionner.

Je compte que nous allons recevoir bientôt de tes nouvelles.

Nous t’embrassons tous de tout cœur.

Ta mère qui t’aime bien.

M.Prieur

Lettre du 30 mai 1915, Mère à Jacques

Dans la lettre il est question:

  • de monsieur Charles Guiot et madame Guioy, père et mère de René le fiancé de Marie-Louise
  • de madame Beau, logeuse de Jacques à Villefranche
  •  de Robert (LHuillier) arbre Leroy (Lhuillier)

 

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Le 26 mai 1915

Se fiancer le 26 mai 1914 n’était peut-être pas la meilleure idée.

Elisabeth Elisabeth,

76 Bard Malesherbes

Paris, le 26 mai 1915

Mon cher Jacques,

Papa et maman ont fait un très bon voyage, ils sont même arrivés avec 10 minutes d’avance. Jean avait été au devant d’eux.

Nous avons été content d’avoir de tes bonnes nouvelles. Mais te voilà revenu en ville, il me semble que tu seras maintenant d’un précieux concours pour les déménagements.

Nous avons passé un très bon séjour à Poissy et sommes rentrés hier. J’ai vu madame Henri Templier : Paul est parti de Brest pour Béziers son père est allé le voir et on pense d’après ce déplacement que c’est la direction Italie ou Dardanelles, mais on n’en sait rien. Quant à Maurice il avait été pris dans le service armé, mais il a été renvoyé 8 jours après à cause de ses varices qui le mettent dans l’impossibilité de marcher.

Le mari de Susanne Picard a été nommé sous-lieutenant et est revenu depuis 15 jours à Fontainebleau pour instruire la classe 16. Tu penses la joie de Suzanne.

Michel Leveillé est aussi sous-lieutenant depuis une huitaine, il va alors probablement changer d’endroit.

Aujourd’hui, tu n’y as probablement pas pensé, nous sommes le 26 mai anniversaire des fiançailles de Marie-Louise. Si on leur avait dit il y a un an qu’ils ne seraient pas mariés aujourd’hui. Enfin tout cela nous apprend à être patients!

Je te quitte mon cher Jacques en t’embrassant de tout cœur.

Ta sœur qui t’aime bien.

Elisabeth

Lettre du 26 mai 1915, Elisabeth à Jacques

Dans la lettre il est question d’amis:

  • les Templier, madame Henri, Paul et Maurice.
  •  Suzanne Picard et de son mari
  •  Michel Léveillé

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Le 25 mai 1915

Maguerite Marguerite,

En gare de Capdenac

25 mai 1915

 

Mon cher Jacques

Nous avons été un peu déçu de ne pouvoir t’embrasser encore une fois de la gare heureusement que nous t’avions vu ce matin et que nous avions pu te dire adieu.

Nous venons de finir de dîner au buffet et comme nous avons encore un peu de temps avant de partir j’en profite pour t’envoyer ces quelques lignes.

J’ai réfléchi que tu pourrais donner à la l’abbé Nouviale ta vieille paire de chaussures et ce que tu as de trop usagé soit en chaussettes soit en autre chose.

J’espère que tu auras le temps d’aller lui dire adieu et en même temps d’en profiter pour te mettre en règle avec le bon Dieu. Nous t’embrassons de cœur mon «  »

Ta mère qui t’aime

M.Prieur

Lettre du 25 mai 1915, Mère à Jacques

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Le 24 mai 1915

Elisabeth Elisabeth à sa mère,

Poissy, le 24 mai 1915

 

Ma chère maman,

J’ai reçu ta lettre ce matin et je t’en remercie beaucoup ; j’espère que le voyage ne t’a pas trop fatigué.

Je suis content de savoir que vous avez pu avoir Jacques à dîner le samedi soir et j’espère que vous l’avez eu tout à fait hier et aujourd’hui.

Hier après-midi après avoir été à vêpres, nous sommes montés chez Monsieur Picart, il faisait très lourd et le ciel était devenu très noir. À peine étions-nous arrivés qu’un très fort orage a éclaté, il a été très violent mais pas très long. Les petits étaient très contents de se retrouver et ont joué dans la maison. Les garçons sont sortis après l’orage, l’illustre Pompon vendait des insignes et Jean est allé avec lui. Avant de partir nous avons été voir les tranchées et un blockhaus fait dans les terrains de Mr Portalis. C’est très intéressant.

En revenant, nous avons rencontré Mme Vallée et « Yvonne » qui sont ici pour 2 jours. Je les ai encore vues à la sortie de la messe ce matin et nous avons bavardé un peu ensemble.

J’ai été voir « Jette » hier matin à l’hôpital, elle partait l’après-midi pour Paris jusqu’à ce soir. Elle m’a dit qu’elle viendrait me voir un peu demain avant mon départ, je lui demanderai donc pour la cotisation.

Marie-Louise et les petits ayant demandé de se revoir nous allons aller au Marais où M.L viendra nous rejoindre.

Il fait un temps superbe aujourd’hui mais à Villefranche il pleut donc toujours.

Grand-mère va bien, elle a reçu ce matin une lettre de tante Madeleine qui est comme tu penses qu’elle peut être, mais bien courageuse quand même. Elle demande à grand-mère d’aller la voir. Nous étions contente d’avoir un peu de ses nouvelles. Nous lui avions écrit hier. Elle le sait depuis vendredi.

Nous rentrons demain par le train de 2h qui nous met vers 5h à Paris, (il n’y avait après qu’un train qui nous mettait à 7h). Grand-mère prendra le même train que nous et ira voir tante Gabrielle, de sorte qu’elle pense aller mercredi à Pontoise.

Nous nous réunissons tous pour t’embrasser de tout cœur ainsi que papa et Jacques.

Ta fille qui t’aime et pense bien à vous.

Elisabeth

Lettre du 24 mai 1915, Elisabeth à sa mère

Dans la lettre il est question de Tante Madeleine (Bossière) mère d’André arbre Bossière

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Le 20 mai 1915

GM Prieur Grand-mère Prieur,

Poissy le 20 mai 1915

 

Mon cher Jacques

Voici bien des jours que je désire t’écrire et j’ai ainsi retardé à le faire m’attendant à recevoir ton changement d’adresse. Mais j’espère bien mon cher enfant que malgré mon silence tu ne m’accuses pas d’indifférence. Ma pensée est constamment auprès de toi mais je n’ai rien d’intéressant à te raconter te sachant très bien informé de tout ce qui peut t’intéresser par tes chers parents, et tes frère et sœurs. Je ne pourrais que te répéter ce qu’ils te racontent. Comme je souhaite que ton départ soit encore reculé pour permettre à tes parents de passer ces deux jours de fête tranquillement avec toi et je regrette bien de ne pouvoir moi aussi aller t’embrasser. J’espère toujours que tu te rapprocheras peut-être de Paris avant que de partir au front et dans ce cas je t’assure que je n’hésiterais pas à me mettre en route pour aller te voir.

Je pense remettre ces quelques mots à tes chers parents. J’y joins un petit billet ne sachant pas que t’envoyer pour te faire plaisir. Et quand tu seras parti je te recommande de ne pas craindre de m’indiquer ce qui pourra t’être agréable car je n’ai pas l’esprit imaginatif et je serais heureuse de me rappeler à toi par quelques petits envois. Je t’embrasse mon cher enfant bien des fois et de tout cœur. Ta vieille grand’mère qui t’aime bien.

E.Prieur

Lettre du 20 mai 1915, Grand-mère Prieur à Jacques

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Le 19 mai 1915

Elisabeth Elisabeth,

76 Bard Malesherbes

Paris, le 19 mai 1915

 

Mon cher Jacques,

Je t’ai envoyé par paquet recommandé lundi, 2 caleçons et 4 paires de chaussettes de coton, je pense que tu l’auras bien reçu.

Tu ne nous parles plus de ton pied, j’espère donc qu’il va tout à fait bien.

Nous avons eu dimanche pour la fête de Jeanne d’Arc un temps merveilleux. On avait disposé tout autour de la statue place St Augustin des tréteaux avec des drapeaux, afin de pouvoir accrocher les couronnes et les gerbes sans trop faire disparaître la statue.

Il n’y a pas eu de cortège ni de manifestations comme les autres années, mais une grande affluence de monde apportant beaucoup de fleurs.

Nous n’avons pas été place des pyramides, mais nous savons par les journaux qu’une délégation anglaise a porté à Jeanne d’Arc une belle couronne !

Lundi matin pèlerinage à St Denys de la Chapelle où l’on célèbre un Triduum, nous y sommes retournés avec Jeanne hier pour la clôture. L’église était comble et ce fut une très belle cérémonie.

Jeanne d’Arc travaille avec nous en ce moment cela se voit. Tu as dû être fier des compliments adressés à la classe 15 pour s’être vaillamment battue.

Papa et maman comptent toujours aller à Villefranche comme c’est convenu, je souhaite de tout cœur que tu ne partes pas avant.

Il y a bien longtemps que nous ne t’avons vu, malheureusement nous ne pouvons tous y aller. Enfin nous pensons bien à toi et nous serons contents d’avoir de tes nouvelles en détail quand papa et maman reviendront.

Je te quitte, mon vieux Jacques, en t’embrassant de tout cœur pour toute la famille et pour moi

Elisabeth

Lettre du 19 mai 1915, Elisabeth à Jacques

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Le 17 mai 1915

Une petite confusion dans la date…

jacques-sourir-colorie Jacques,

Villefranche-de-Rouergue

Le 17 mars 1915

 

Mon cher papa

Je suis passé hier après-midi au moderne où je vous ai retenu une chambre pour samedi, la chambre numéro six qui est beaucoup mieux que la numéro quatre mais qui a l’inconvénient de ne pas avoir de cabinet toilette. De plus il y a maintenant l’électricité dans tout l’hôtel aussi j’ai préféré prendre une plus belle chambre pensant que vous y séjourneriez plus.

Pour le moment on ne parle pas de départ et comme je vous l’ai déjà écrit, il y a en aura sans doute pas avant la Pentecôte mais on ne sait jamais dans tous les cas nous passerons par Rodez pour y toucher nos 88 cartouches et pour nous faire encadré par les anciens.

Je dois prendre la garde samedi à la prison, de samedi 11h à dimanche 11h, mais je tacherais de me faire remplacer et je vais m’en occuper le plus tôt possible soit pour l’apprendre par anticipation soit pour me faire remplacer tout à fait, dans le cas où ça ne serait pas possible je vous enverrai une dépêche de ne venir que dimanche matin vu que je ne pourrai pas vous voir avant. À moins que vous préfériez venir quand même samedi. Si j’étais de garde je passerai au Modern dire que vous n’arriveriez sans doute que dimanche mais qu’il se pourrait que vous arriviez tout de même le samedi.

J’ai reçu aujourd’hui 2 lettres de maman du 16 me demandant si j’avais reçu le linge qu’elle m’avait envoyé, je n’ai absolument rien reçu. Tu diras à maman que je continue à voir l’abbé Nouviale et que de lui apporter quelque chose pour les soldats lui ferait plaisir mais il est inutile d’apporter des vêtements chauds car nous n’en mettons plus ni les uns ni les autres.

Samedi j’ai continué à badigeonner les murs à la chaux et j’ai été dîner en ville à l’univers je suis rentré pour 9h30

Dimanche nous avons eu à 9h revue de literie par le sergent Fournier et revu de casernement à 10h par le lieutenant,  le quartier n’a été déconsigné qu’à midi, si bien que je n’ai pas pu aller à la messe. J’ai déjeuné à l’univers avec deux camarades et comme il a plu un peu nous nous sommes promenés dans Villefranche jusqu’à 4h30 après quoi nous avons été joué aux cartes dans la chambre de l’un de mes camarades à sept heures nous avons été dîner à 9h30 nous avons été au cinéma pour terminer la journée.

Ce matin badigeonnages à la chaux cet après-midi tir et vidage de paillasse

Aujourd’hui il a plu toute la journée. J’espère que pour la Pentecôte nous aurons aussi beau temps que pour l’Ascension. Dis à maman d’apporter son appareil photographique et si elle peut mon «  » si cela ne vous charge pas trop. Si il est déjà chargé de le faire recharger avec des plaques lumière étiquette violette.

Pour le moment je suis bien habillé capote avec col et poche, pantalon presque neuf.

Si vous pouviez trouver des courroies noires de 1 cm de large et assez longue pour faire le tour du mollet cela me rendrait service car j’ai des bandes que j’ai achetées avec courroie mais elles ont l’inconvénient d’être vernis et cela n’est pas pratique.

Au revoir mon cher papa je t’embrasse bien ainsi que maman, Jean et les sœurs. Ton fils qui t’aime bien

J.Prieur

Lettre du 17 mai 1915, Jacques à son père

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Le 16 mai 1914

Des plans sous la menace d’un depart imminent.

Maguerite Marguerite,

76 Bd Malesherbes.

Paris le 16 mai 1915

 

Mon cher Jacques,

Je pense que tu auras reçu la lettre que ton papa t’a écrite mercredi et que j’ai mise à la poste jeudi, lettre recommandée bien entendu puisqu’il y avait ta quinzaine.

Je pensais recevoir une lettre de toi hier répondant à la lettre d’Elisabeth de lundi te demandant si tu voulais des caleçons d’été c.a.d comme tu en emportais les autres années, j’espère aussi la réponse demain.

Ton papa te disait dans sa lettre que nous venions te voir pour la Pentecôte et que tu nous retiennes une chambre à l’hôtel Moderne pour le samedi 22 et que dans le cas où nous ne pourrions pas avoir notre chambre définitive nous en ayons toujours une pour notre arrivée pour pouvoir nous laver. Je te redis toutes ces choses pour le cas où tu ne recevrais pas la lettre de ton père. Envoie-nous accusé de réception de la lettre aussitôt reçue. Dis-nous si tu as besoin de quelque chose dans ce cas il faudrait que tu me réécrive de suite car tes lettres mettent facilement 3 jours.

As-tu reçu le linge que je t’ai envoyé? Monsieur L’abbé Nouvial est-il toujours à Villefranche dans ce cas je lui emporterai des affaires.

J’oubliais de te dire que si tu voyais que tu doives partir avant dimanche télégraphie-le nous tout de suite.

Nous allons tous bien quoiqu’un peu fatigués surtout ton papa qui travaille tout le temps même le dimanche.

Je compte emporter quelques provisions.

Je viens de recevoir ta lettre je crains bien mon pauvre grand que tu ne partes pour le front avant que nous te voyons.

Je vais m’occuper de tes affaires.

Je t’embrasse de cœur ainsi que toute la famille.

Ta mère dévouée

Marguerite Prieur

lettre du 16 mai 1915, mère à Jacques

 

Maguerite Marguerite, encore

76 boulevards Malesherbes

Paris le 16 mai 1915

 

Mon cher Jacques,

Au moment où je finissais ma lettre j’ai reçu la tienne. Si tu pars de Villefranche avant que nous t’ayons revu, je te recommande de te mettre sous la protection de la Sainte vierge.

Nous avons réfléchi que si tu pars de Villefranche pour Rodez nous pourrions peut-être aller te voir là dans ce cas dis-le nous si tu le sais.

Nous t’embrassons tous de cœur

Ta mère qui t’aime bien.

M.Prieur

Deuxième lettre du 16 mai 1915, mère à Jacques

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