Le 29 octobre 1918

Jacques en Macédoine

Le 29 octobre 1918
(N° 83bis reçue 16-11-18)


Mon cher papa
La santé s’améliore toujours et pour le moment je dévore, aussi les forces reviennent.
À part deux colis le no 83 et 84 il n’y a pas eu de courrier. Un certain nombre de colis et de lettres me sont arrivés et je ne te les ai pas signalés. J’ai perdu les enveloppes et ne peut te dire s’ils ne me sont parvenus ou non.
Le temps s’est remis au beau depuis aujourd’hui cela ne fait pas de mal et j’espère que cela va continuer surtout si on se déplace comme le bruit en cours. Pour le moment on travaille arranger la route de Kitchevo (Kičevo) * à Monastir (aujourd’hui, Bitola)*.
Les dernières nouvelles de France sont bonnes, les boches reculent si cela continue, avant la fin de l’année, il y en aura plus en France et nous rentrerons en Bochie cela leur apprendra. Il est vrai qu’ils ont dû préparer une nouvelle ligne de repli quelque part.
D’orient, nous savons que les troupes franco-serbes sont sur le Danube. Les Autrichiens doivent en faire un nez. Nous reprenons aussi la Macédoine grecque. Les Turcs sont donc obligés de filer. En somme tout continue à bien marcher.
Au revoir mon cher papa je t’embrasse ainsi que toute la famille. Ton fils qui t’aime. 
J. Prieur
Le rôti est arrivé en très bon état. Merci pour le couteau et le blaireau.

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Le 26 octobre 1918

Jacques en Macédoine

Le 26 octobre 1918
(N°82bis reçue le 8-11-12)

Mon cher papa.
Me voilà complètement guéri. Il ne me reste plus qu’à reprendre des forces pour le cas où le régiment viendrait à se déplacer. J’ai reçu pas mal de courrier mais je ne sais pas où j’en suis. Il est arrivé un gros colis par la gare le no 78 d’autres par la poste no 82, 80. Des journaux parmi eux la carte de Veutari. De Briouze 29, 30, 32.
Il y a eu aussi des lettres de toute la famille. Je vois que vous avez été finir la saison à Poissy. 
Jean a dû passer son oral ces jours-ci je pense qu’il aura été reçu et qu’il pourra continuer à préparer Centrale sans que le gouvernement ne le fasse appeler car les événements ont l’air de tourner de mieux en mieux pour nous. Les Lhuillier ont-ils pu aller à Laon voir leur maison et les Delaunay ont-ils pu aller à Roubaix car je crois que c’est également dégagé. Il est vrai que les autorisations pour circuler dans ces villes ne doivent pas être faciles à obtenir.
Ici, il y a des canards et c’est tout, depuis hier il pleut.
Au revoir mon cher papa je t’embrasse ainsi que toute la famille. Ton fils qui t’aime.
J. Prieur 

Dans la lettre il est quetions des Lhuillier

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Le 21 octobre 1918

Jacques en Macédoine

Le 21 octobre 1918
(N°83 reçue le 4-11-18)


Mon cher papa
Ça va un peu mieux mais je n’ai plus de force. J’ai fortement besoin de manger car je ne suis pas fichu de faire 100 m. Il se pourrait même que je sois évacué si le régiment venait à se déplacer.
J’ai reçu du courrier.
Au revoir mon cher papa je t’embrasse.
J. Prieur

 

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Le 15 octobre 1918

Jacques en Macédoine

Le 15 octobre 1918
(N°82 reçue 21-10-12)


Mon cher papa
Un mot pour te dire que je suis pris par la grippe espagnole depuis trois jours heureusement que nous sommes en repos et logé dans des maisons. Ce matin cela allait beaucoup mieux, je n’avais plus que 37. Voltz est à peu près d’aplomb et nous soigne  car nous sommes 8 malades sur 10 à la pièce. Le régiment est frais aussi. Ils ont été trop fort des marches par des temps comme il a fait. Ici il y a eu un peu de courrier. Je te donnerai le détail prochainement. Je ne l’ai pas sur moi. 
Au revoir mon cher papa ne t’inquiète pas ton fils qui t’aime bien
J. Prieur

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Le 12 octobre 1918

Jacques en Macédoine

Le 12 octobre 1918 
(N°81 reçue 28-10-18)


Mon cher papa
Nous sommes toujours en marche mais le repos s’approche paraît-il. Cela ne fera pas de mal car il y a beaucoup de malades. Soi-disant grippe espagnole.
Pour moi je vais bien et un jour de repos aujourd’hui m’a fait beaucoup de bien.
Le temps était très mauvais tous ces jours-ci, aujourd’hui il a fait à peu près beau.
J’ai pu me procurer un petit peu de tabac mais cela s’épuise et on en touche de moins en moins. Du courrier toujours rien, j’espère en avoir d’ici peu car maintenant nous avons rejoint la division dont nous étions séparés depuis notre départ pour l’Albanie. Je t’écrirai le plus souvent possible mais on a peu de temps et puis ce n’est pas commode quand il pleut.
Les communiqués et nouvelles sont rares, nous avons tout de même appris la prise de Saint-Quentin et la demande d’armistice des boches aux États-Unis, toutefois je ne crois pas que cela soit accordé. Au revoir mon cher papa je t’embrasse ainsi que maman, Jean et les sœurs. Ton fils qui t’aime. 
J. Prieur
Voltz va bien et me charge de toutes ses amitiés pour vous.

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Le 6 octobre 1918

Jacques en macédoine

Le 6 octobre 1918
(N°80 reçue 22-10-18)


Mon cher papa
Impossible de faire partir une lettre. J’en ai une du 30 que je traîne dans ma poche. Je vais la mettre avec celle-ci pour la faire partir.
Nous avons marché six jours de suite et sommes en alerte à côté du lac Ohrida dans la région où j’étais l’année dernière à pareille époque. Les Autrichiens sont partis et nous sommes réserve des troupes qui leur courent après. Jusqu’où allons-nous aller encore? Loin je pense. Aussi ne t’étonne pas si je ne t’écris pas ou si les lettres mettent du temps.
Je suis légèrement fatigué mais un jour de repos et on pourra repartir frais et dispos. Pas de courrier, du tabac très rare, un très mauvais temps, la saison des pluies recommence.
Nous avons le contrôle des chemins de fer bulgares, on nous a annoncé aussi la prise d’Armentières et nous sommes dans les faubourgs de Cambrai tout va donc bien, j’espère que la guerre finira bientôt surtout s’il est exact que la Turquie a envoyé des parlementaires.
Au revoir mon cher papa je t’embrasse ainsi que toute la famille. Ton fils qui t’aime bien
J. Prieur
PS : Voltz est en bonne santé et me charge de toutes ses amitiés.
Si tu n’as pas recommencé à m’envoyer des rôtis, on peut le faire ainsi que du chocolat et du beurre, si vous en trouvez du tabac que Jean se débrouille.

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