Le 28 septembre 1914

Avec la désorganisation du chemin de fer, il n’était pas facile, sans téléphone, d’organiser le retour de son fiston.

Albert  Albert Prieur écrit à Jacques, son fils.

Levallois Perret

10, rue Collange

Le 28 septembre 1914

Mon cher Jacques

Je te confirme la nouvelle que j’ai écrite hier à ta mère; ton conseil de révision a lieu le mardi 13 octobre à 9 heures du matin. Arrange-toi pour être rentré à Paris au plus tard le samedi 10 octobre de façon à être bien reposé pour te présenter devant le conseil. Je suis allé prendre des renseignements à la gare Montparnasse et à celle des Invalides.

A Montparnasse ils ne savent rien au sujet des trains express; il peut y en avoir un jour et qu’ils soient supprimés le lendemain. En outre on a apposé aujourd’hui une affiche disant qu’incessamment les trains de Brest ne passeraient plus par Le Mans et seraient acheminés par Sillé le Guillaume, l’Aigle, Couches pour arriver à la gare Saint-Lazare et il n’y aura plus que les trains 322-328, 358-364, 394-460, 460-436 qui arriveront respectivement à Paris Saint-Lazare à 9.50, 14.50, 21.10 et 2.10. Ces trains doivent être des trains omnibus ou à peu près.

Aux Invalides il y arrive toujours l’express de Brest partant de Plouaret à 7.4 passant par Lamballe, Polligny, arrivant à Paris à 18.50. C’est de beaucoup le plus pratique.

Maintenant, la même affiche dont je te parle ci-dessus dit qu’il faudra prendre ses places 48 heures à l’avance et qu’elles seront données dans l’ordre d’inscription.

Comme d’ici le 10 octobre tous ces horaires peuvent changer il faudra que tu ailles à Plouaret prendre des renseignements le 7 ou le 8 au plus tard pour au besoin retenir ta place. Tu me télégraphieras le même jour à quelle date tu penses partir et à quelle heure tu dois arriver à Paris.

« Partirai tel jour à telle heure, arriverai Invalides tel jour telle heure. »

Si par la suite d’une raison quelconque, tu ne pouvais pas partir par le train que tu aurais pensé, tu m’adresserais Bd Malesherbes un nouveau télégramme pour m’en informer.

« Pas de place dans train (ou train supprimé) partirai tel jour telle heure arriverai tel jour telle heure ».

Maintenant si par les renseignements que tu auras à Plouaret tu jugeais que tu pourrais facilement aller à Granville, j’aimerais bien que tu y ailles voir ta grand’mère, quitte à partir un jour plus tôt. Tu en informerais grand’mère et prierais l’oncle Alex de te retenir une place dans le train convenable pour être toujours à Paris le samedi 10.

Je pense que ces instructions te suffisent pour comprendre ce que je désire que tu fasses ; s’il surgissait des incidents imprévus tu agirais pour le mieux et me ferais connaître par télégramme les modifications apportées au programme.

J’ai vu dans le journal qu’il y avait des cours de préparation militaire au manège Saint-Paul, j’irai prendre des renseignements et t’y ferai peut-être inscrire ; de cette façon tu pourrais peut-être avoir un certificat constatant que tu sais monter à cheval, certificat que tu montrerais au conseil de révision.

Dans quelle arme voudrais-tu rentrer : dragons, chasseurs, hussards ? Sais-tu quelles sont les limites de taille pour les chasseurs ? Peut-être pourrions-nous par monsieur Guiot obtenir que tu sois réclamé par le régiment de René, Monsieur Guiot étant en correspondance et bonnes relations avec le lieutenant colonel du régiment. Réponds-moi aussi vite que possible à ce sujet.

Je t’embrasse de cœur, mon cher Jacques et à bientôt.

A.Prieur

Lettre du 28 septembre 1914

Dans la lettre, il est question de  Grand’mère Prieur et le l’oncle Alex (Fournier), mari de Gabrielle sa fille. Voir arbre Bossière

On parle également de monsieur Guiot et son fils René, fiancé de Marie-Louise (grande soeur de Jacques).

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Prochaine entrée le 3 octobre.

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