Le 1er avril 1918

Jacques Jacques en Macédoine

Le 1er avril
(N°33 reçue 16-4-18)toto

Mon cher papa
C’était Pâques hier et ce ne fut pas très gai. D’abord pas de courrier, ensuite un ravitaillement médiocre et hier après-midi on m’a revacciné contre le choléra.
Nous avons eu des nouvelles sur ce qui se passe en France par l’Indépendant que nous n’avons pas toujours très régulièrement mais cela ne fait rien. Ce matin j’ai eu celui du 30 mars, j’apprends ainsi que les Français tiennent le coup ainsi que les Anglais et que par une contre-attaque on a repris 2 kilomètres sur 10 de large c’est un succès. J’espère que c’est la dernière grande bataille et que nous en sortirons victorieux.
Décidément partout où il y a un coup dur il faut que les Français y soient, c’est remarquable ce que nous pouvons faire après 3 ans et demi de lutte et à l’heure actuelle on peut être fier d’être Français. Les pitons ne sont pas drôles mais cela doit l’être encore moins dans l’Oise. Puissent nos pertes ne pas être trop fortes.
Les Russes ont l’air de vouloir se ressaisir si cela pouvait être vrai.
J’ai reçu ces jours-ci les colis 88 et 91, le 29 et 30 mars. Ce matin la lettre 70 du 18 mars Élisabeth. À ce sujet elle me parle d’une explosion à la Courneuve mais elle ne dit pas ce qui a causé cette explosion, des munitions, de l’essence?
Ici les permissions sont supprimées on ne fait plus que le rapatriement au bout de 18 mois d’Orient cela me met donc au 11 février 1919. Je ne compte donc guère être en France avant un an. Il est vrai que j’aurais alors 46 jours de perm d’ailleurs cette mesure peut être rapportée et la guerre sera peut-être finie d’ici là, espérons-le.
Je t’ai demandé, je crois, une chemise dans ma dernière lettre. J’en ai besoin car ici il est impossible d’en toucher.
Ma gourde en peau de bouc est percée aussi pourrais-tu m’en faire envoyer une ?
Le secteur postal m’a retourné ma montre, le colis est trop petit. Je vais le recommencer et te l’expédierai sous peu ou mieux au nom de maman.
Germain ne reviendra probablement pas, il a fait une demande pour l’aviation. Il m’a envoyé de quoi lire. Je regretterai certainement cet excellent camarade.
Les tuyaux courent toujours mais c’est au sujet d’ici, aussi il faudra bien que cela finisse par arriver.
Au revoir mon cher papa. Je t’embrasse bien ainsi que Maman, Jean et les sœurs. Ton fils qui t’aime bien.
J. Prieur

Lettre du 1er avril,  Jacques Prieur à son père

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