Le 13 avril 1918

Jacques Jacques en Macèdoine

Le 13 avril 1918
(N°37 reçue 1-5-18)

toto
Mon cher papa
Je n’ai pas reçu de lettre depuis le 10 mais par contre j’ai eu quatre colis n°100. 1, 2 reçus le 11 et ce matin n° 4 et 5.
Je vois que tu n’as pas attendu de savoir si j’avais reçu mes bretelles pour m’en expédier une 2e paire.
Le soleil commence à devenir chaud car depuis trois jours le temps est superbe quoi que chargé de nuages pour l’instant. J’espère qu’ils se dissiperont sans nous  mouiller.
Ici les tuyaux continuent à courir. On nous a annoncé par tuyaux la prise d’Amiens par les boches mais n’ayant pu avoir confirmation officielle, Je n’attache rien de vrai à ce bruit. Depuis cinq jours nous n’avons pas eu l’Indépendant. J’espère demain, comme cela je serai fixé. On parle d’un départ prochain de rapatriés, 18 mois d’Orient ils méritent bien 45 jours de Perm. Il est probable qu’il y aura pas mal de départs à la pièce, le nouveau sergent serait peut-être du nombre car il a plus de 18 mois en plusieurs fois. Cela me plairait assez car il ne vaut pas Flouquet. Il a peur de tirer et il finira par nous faire avoir des embêtements, corvée de ceci ou de cela, pour une compagnie ou pour une autre. Heureusement nous ne nous laissons pas faire et tirons sans rien lui dire. Bref on fait comme s’il n’était pas là, il ne s’en fâche d’ailleurs nullement et mène  sa petite vie bien tranquille. D’ailleurs tout le monde sait qu’il n’y connaît rien.
Le lieutenant n’est toujours pas venu, chaque jour je m’attends à le voir venir et le soir arrive sans qu’on ne l’ait  vu.
Personne ici ne touche plus, depuis le 1er mars, l’indemnité de combat. Cependant nous sommes en ligne et les Fritz ont même tenté un coup de mains, il y a quelque temps. Ils ont laissé des plumes, de notre côté il y a eu des pertes très légères causées par les «  » bombe de 80 kg. 6 ou 7 hommes blessés, à ce que j’ai entendu dire.
Pour ma part, je n’ai pas été engagé dans cette affaire. C’est notre 3e alerte depuis que je suis dans ce secteur.
Pour ce qui est de l’indemnité de combat, ils nous ont joué le tour. Ils nous l’ont supprimée pendant les 13 jours de novembre où nous étions en ligne. Cependant on l’avait touché pour les neuf précédents. Autre bizarrerie nous l’avons touchée pour les trois jours de marche de janvier alors que nous nous rendions ici pour relever les Russes.
Au revoir mon cher papa. Je t’embrasse bien ainsi que Maman, Jean et les sœurs. Ton fils qui t’aime bien.
J. Prieur
C’est ma dernière enveloppe, elle est sale mais je n’y peux rien.

 Lettre du 13 avril 1918, Jacques Prieur à son père

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